11/09/2021

Les Vertiges de l'orée



Les Vertiges de l'orée


Leslie Gobille

Roman

Cet ouvrage a reçu l'aide à l'édition de la province Sud

Dépôt légal: septembre 2021
Nombre de pages : 243
Format : H 20 x L 13 cm
Prix : 1 800 francs CFP
Maquette: Eteek pour les éditions Madrépores
ISBN : 979-10-92894-12-7
Photographie de couverture : Valérie Morignat, Nouméa, 2007
Diffusion distribution : https://caledolivres.nc

L’ouvrage


Année 2038. Au centre pénitentiaire de Nouméa s’entrecroisent les destins de trois jeunes femmes singulières : Chaé, Agathe et Mélody.

La première est psychologue ; la deuxième, avocate ; la troisième, éducatrice spécialisée dans la protection de l'enfance, accompagne deux petites filles dont le père est incarcéré.

À l’ombre des hauts murs, se dessinent les portraits d'hommes et de femmes regardés par le prisme de leur humanité.

Qu'ils dorment derrière les grilles ou au dehors, la frontière qui les sépare apparaît finalement ténue.

Nourris de détresses indicibles, les drames couvent.

Ce roman sensible et poignant est librement inspiré de l’expérience captivante, extrême, bouleversante, qu’a représentée l’immersion de l’auteure pendant dix années dans un quotidien carcéral.

Les Vertiges de l’orée est le premier roman de Leslie Gobille, une nouvelle plume prometteuse, lauréate de la résidence d’’écriture de la Province Sud en 2019 pour ce projet.


L’auteure

Leslie Gobille



Leslie Gobille voit le jour en Sarthe en 1980. L'univers rural et solitaire qui lui sert de berceau l’amène à nouer tout au long de son enfance, des amitiés intenses avec les animaux, les nuages et la littérature. Dès l'année de CP elle commence à écrire « des livres »  ̶ qu’elle tient à illustrer « malgré son absence évidente de dispositions pour cet art »  ̶  et déclare qu’elle deviendra « écrivaine ». Elle est donc, à cet âge précoce, et à son insu, déjà féministe.

Après l’obtention d’un bac littéraire, elle décide de faire la part belle à sa seconde passion, celle de l'humain et de son roman intérieur, et engage des études de psychologie à l’université d’Angers. C’est avec son diplôme de psychologue clinicienne en poche, qui sera complété par la suite d’une spécialisation en criminologie, qu’elle s’installe en 2006 en Nouvelle-Calédonie.

Elle y exerce son métier avec passion, essentiellement dans le secteur pénitentiaire. Après treize ans de cette pratique exigeante qui ne lui laisse plus beaucoup de temps pour parler aux nuages, la voilà qui rêve d’une halte dans sa vie tourbillonnante pour s’adonner de nouveau à l’écriture. Elle candidate alors à la résidence proposée annuellement par la province Sud et la Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie comme dispositif d’aide à la création littéraire. Elle en est la lauréate 2019.

Les vertiges de l’orée est le fruit d’un été consacré à l’écriture, dans le cadre inspirant du Château Hagen.


Extrait

Prologue

Je sais bien que personne ne comprendra. On me jugera lâche, ou courageuse, peu m’importe, je n’ai pas le sentiment d’avoir le choix. Chaque jour, l’horreur revient. Elle enracine ses griffes plus profondément dans ma tête. Elle a gagné toute ma chair, elle me dévore, je ne peux plus lui échapper.
Je ne suis pas faite pour ce monde.
Si seulement la force qui m'englue avait un vrai visage. Si je pouvais dire « Voilà la cause de mon tourment », alors je saurais dans quelle direction me battre. Mais ce qui m'écrase n'a pas d'âme, fût-elle sombre. Ce qui m'écrase n'a que des millions de bras et de jambes à son service. C'est, je crois, la marche du monde qui m'est intolérable.
Je suis comme le goéland pris dans une marée noire. Englué, incapable de redécoller, et ne comprenant pas ce qui lui arrive. Quel est ce prédateur inconnu et cruel qui, plutôt que de le dévorer, le laisse s'épuiser lentement, jusqu'à ce qu'il n'ait plus qu'un seul désir, fondamentalement contraire à sa nature de vivant : s'arrêter ? S'arrêter de lutter, de ressentir, de chercher l’issue. Juste s'abstraire, se dissoudre, cesser d’être.
Je mets fin à mes jours. Pardon à ceux que j’aime. Mais si vous m’aimez aussi, réjouissez-vous. J’ai enfin trouvé la paix depuis que ma décision est prise. Je suis heureuse.