Les Vertiges de l'orée
L’ouvrage
Année
2038. Au centre pénitentiaire de Nouméa s’entrecroisent les destins de trois
jeunes femmes singulières : Chaé, Agathe et Mélody.
La
première est psychologue ; la deuxième, avocate ; la troisième,
éducatrice spécialisée dans la protection de l'enfance, accompagne deux petites
filles dont le père est incarcéré.
À
l’ombre des hauts murs, se dessinent les portraits d'hommes et de femmes
regardés par le prisme de leur humanité.
Qu'ils
dorment derrière les grilles ou au dehors, la frontière qui les sépare apparaît
finalement ténue.
Nourris
de détresses indicibles, les drames couvent.
Ce
roman sensible et poignant est librement inspiré de l’expérience captivante,
extrême, bouleversante, qu’a représentée l’immersion de l’auteure pendant dix
années dans un quotidien carcéral.
Après
l’obtention d’un bac littéraire, elle décide de faire la part belle à sa
seconde passion, celle de l'humain et de son roman intérieur, et engage des
études de psychologie à l’université d’Angers. C’est avec son diplôme de
psychologue clinicienne en poche, qui sera complété par la suite d’une
spécialisation en criminologie, qu’elle s’installe en 2006 en
Nouvelle-Calédonie.
Elle y exerce
son métier avec passion, essentiellement dans le secteur pénitentiaire. Après
treize ans de cette pratique exigeante qui ne lui laisse plus beaucoup de temps
pour parler aux nuages, la voilà qui rêve d’une halte dans sa vie
tourbillonnante pour s’adonner de nouveau à l’écriture. Elle candidate alors à
la résidence proposée annuellement par la province Sud et la Maison du Livre de
la Nouvelle-Calédonie comme dispositif d’aide à la création littéraire. Elle en
est la lauréate 2019.
Je sais bien que personne ne comprendra. On me jugera lâche, ou courageuse, peu m’importe, je n’ai pas le sentiment d’avoir le choix. Chaque jour, l’horreur revient. Elle enracine ses griffes plus profondément dans ma tête. Elle a gagné toute ma chair, elle me dévore, je ne peux plus lui échapper.
Je ne suis pas faite pour ce monde.
Si seulement la force qui m'englue avait un vrai visage. Si je pouvais dire « Voilà la cause de mon tourment », alors je saurais dans quelle direction me battre. Mais ce qui m'écrase n'a pas d'âme, fût-elle sombre. Ce qui m'écrase n'a que des millions de bras et de jambes à son service. C'est, je crois, la marche du monde qui m'est intolérable.
Je suis comme le goéland pris dans une marée noire. Englué, incapable de redécoller, et ne comprenant pas ce qui lui arrive. Quel est ce prédateur inconnu et cruel qui, plutôt que de le dévorer, le laisse s'épuiser lentement, jusqu'à ce qu'il n'ait plus qu'un seul désir, fondamentalement contraire à sa nature de vivant : s'arrêter ? S'arrêter de lutter, de ressentir, de chercher l’issue. Juste s'abstraire, se dissoudre, cesser d’être.
Je mets fin à mes jours. Pardon à ceux que j’aime. Mais si vous m’aimez aussi, réjouissez-vous. J’ai enfin trouvé la paix depuis que ma décision est prise. Je suis heureuse.