20/10/2016

La Vieille Dame

 La Vieille Dame



La Vieille Dame

Déwé Gorodé

Nouvelles

Dépôt légal: 2016
Nombre de pages : 92
Format : H 20 x L 13 cm
Prix : 1 800 francs CFP
Maquette: Eteek pour les éditions Madrépores
ISBN : 9791092894059
Diffusion distribution : www.caledolivres.nc 

L’ouvrage

À l’occasion du Silo 2016, les éditions Madrépores éditent un tout nouveau recueil de seize nouvelles de Déwé Gorodé où s’entremêlent souvenirs nostalgiques, valeurs traditionnelles et combat militant pour l’avenir du pays.

Après L’Agenda et Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier (réédités par Madrépores l’an passé),  et Le Vol de la parole, avec Weniko Ihage (Édipop, 2002), La Vieille Dame est son quatrième recueil de nouvelles, un genre qu’elle affectionne tout particulièrement. Là encore, il y est question de transmission familiale et d’engagement politique, sur fond de conflit minier, d’amours interdites, transgressives ou passionnelles et de liens intangibles entre les vivants et les morts qui nous rappellent que rien ne peut délier une promesse faite aux ancêtres.

L’auteure

Déwé Gorodé


Déwé Gorodé (noté Gorodey par l'état civil) est née le 1er juin 1949, dans la tribu de l’Embouchure, à Ponérihouen, un village de la côte Est de la Nouvelle-Calédonie. Auteure de nombreuses poésies (Sous les cendres des conques, Dire le vrai) et de nouvelles (Utê mûrûnû, L'Agenda, Le Vol de la parole, La Vieille Dame), elle s’essaye au théâtre avec Kënâké 2000, pièce présentée au public en l'an 2000 (mais non publiée).

Femme militante et engagée, elle participe à la création du Palika en 1976. Professeur de français et de paicî en collège, pendant de nombreuses années, elle a également enseigné la littérature océanienne à l’université de Nouméa en 1999. Cette même année, elle est l’une des deux premières femmes élues de l’Uni-FLNKS à l’assemblée de la Province Nord, et se voit confier la direction de la Culture, de la jeunesse et des Sports au conseil de gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Elle est régulièrement réélue.

Déwé Gorodey était membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, chargée de la Culture, de la Condition féminine et de la Citoyenneté jusqu'à son retrait de la vie politique en 2019.
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Voir l'article Bibliographie de Déwé Gorodé

NOUVELLES
Édipop & Grain de Sable, Nouméa, 1994, rééd. Madrépores, 2015.

L’Agenda, nouvelles,
Grain de Sable, Nouméa, 1996, rééd. Madrépores, 2015.

La Vieille Dame, nouvelles,
Madrépores, Nouméa, 2016.

ROMANS
Madrépores, Nouméa, 2005.

Madrépores, Nouméa, 2009.

Sommaire

Par temps de pluie

La promesse aux ancêtres

Contestataires de service

 

Corruption, emploi fictif, travail au noir et emploi local

 

Trois fois de suite…

 

Comme en plein jour entre les fruits roses d’un pommier kanak

 

Petit clin d’œil à Carmen

 

Au salon

 

Un rêve d’ao ou le destin d’Alina

 

La perruque

 

Trois portables

 

D’une maison à l’autre, la famille élargie

 

« La vieille dame »

 

« Ce n’est jamais fini »

 

Chambre close

 

À ciel ouvert

Extrait

Alors que je replaçais bien l’oreiller de ma grand-mère dans le grand lit blanc de sa chambre d’hôpital, je nous revoyais toutes les deux, à l’aube sur les sentiers de nos champs où elle me citait tous les noms des oiseaux qui chantaient au jour et rythmaient notre marche par leur trilles. Ou alors, c’étaient ceux des insectes. Mais j’aimais surtout ceux des plantes qui tantôt se redressaient sous la rosée, offraient leurs fleurs au soleil, ou résistaient à la chaleur de midi. « Comme nous, avec le sang dans nos veines, elles ont leur sève pour ne pas mourir. C’est pourquoi nous devons aussi les respecter et en prendre bien soin, comme elles nous guérissent de nos maladies », me disait ma grand-mère, maintenant affaiblie et allongée, qui me gratifiait encore de son doux sourire immuable.

 

Je lui caressai les joues et finis de brosser et d’arranger sa belle chevelure libre et épaisse se confondant avec la blancheur de la taie d’oreiller.

 

Elle me conseilla une fois encore sur le respect, le partage et l’humilité dans notre vie avec les autres. Et comme elle savait que, parfois, avec les autres jeunes du clan, nous suivions nos aînés dans les réunions de notre parti et du front de libération nationale, elle m’encouragea également, comme elle avait coutume de le faire, là-bas, dans notre case ou sur une vieille natte à l’ombre des arbres bordant nos champs.
Elle me disait qu’il me fallait toujours trouver du temps pour écouter la parole et suivre le chemin du peuple dans son combat pour notre cause. La terre et la liberté.

 

La terre qu’elle m’a appris à piocher, à émotter et à préparer pour l’igname et le taro. La liberté pour la femme qui travaille comme un homme pour nourrir le clan et ses enfants.

 

« Quand tu viens au monde, on t’apprend d’abord à faire ta part de travail pour ne pas être inutile et te perdre dans le désordre de la vie sur terre. Maintenant, je vais bientôt la quitter. Et quand je ne serai plus là, à ta majorité, tu toucheras à ton petit carnet où nous avons épargné toutes les deux pendant tout ce temps. »

 Je n’aimais pas trop l’entendre parler ainsi car je ne pouvais alors m’imaginer la vie sans elle."


Extrait de la nouvelle « Ce n’est jamais fini », in La Vieille Dame, Déwé Gorodé, 2016.